Un petit post sur l’étanchéité des ouvrages (ça peut s’appliquer aux bâtiments et aux habitations, sauf pour les références normatives). Je vais vous expliquer la méthodologie et les produits associés. Je vous préviens c’est un peu plus technique
Comment on s’y prend ? La règle des trois critères s’applique : quelle humidité ou fuite je suis prête à accepter (ambiance interne) ? Qu’est-ce que j’ai autour de l’ouvrage ou du bâtiment (environnement) ? Quelle durée de service je souhaite ? c’est une analyse de risque.
Je précise que les schémas viennent d’un fournisseur de solutions d’étanchéité SIKA. je n’ai pas d’actions chez eux mais leurs schémas sont super bien faits et parlants.
Çà peut paraître bizarre de se poser la question, mais dans certains ouvrages on admet un débit de fuite, comme par exemple dans les parkings souterrains. Dans ce cas de figure on fait en sorte que les fuites soient récoltées par des cunettes par exemple. Sinon, dans certains cas, l’humidité peut être tolérée, mais on n’appliquera pas de peinture sur les murs intérieurs parce qu’elle risque de cloquer.
Là il faut prendre en compte le niveau de la nappe phréatique et ses fluctuations. Quelle pression d’eau sera appliquée sur l’ouvrage en cas d’inondation par exemple ? Dans le cas des tunnels et des ouvrages d’art en général c’est pris en compte
On ne va pas choisir le même système d’étanchéité pour une maison qu’on utilisera 25 ans ou un ouvrage d’art qui doit être étanche sur une petite centaine d’années. C’est donc un critère important à prendre en compte
On passe maintenant aux solutions : trois grandes familles que l’on peut associer :
Alors je sais que je vais me faire des ennemis chez les génie civilistes mais : le béton est RELATIVEMENT étanche. Voilà c’est dit je respire un bon coup.
En fait on dit souvent que le béton est étanche, mais l’étanchéité est relative. Quand on parle d’étanchéité on doit donner comme info : le débit de fuite admissible ET une durée de service.
Autre info : Le béton n’est pas étanche à l’humidité
Ensuite, on dit souvent qu’il est étanche entre 2 fissures ou 2 discontinuités, on peut le voir comme ça. Mais ça se dimensionne et on peut partir sur une base relativement étanche et performante sur plusieurs années à plusieurs conditions : traiter les discontinuités.
Les structures béton ne sont pas coulées en une seule fois, il y a des espaces appelés joints qui sont des zones de fragilité quand on parle d’étanchéité. Dans ce cas il est essentiel de les traiter en y mettant par exemple des lames d’étanchéité qui bloquent le passage de l’eau.
On peut ajouter un drainage autour de la structure pour limiter la pression d’eau autour du bâtiment mais ça se limite aux faibles pressions d’eau. On peut utiliser ce type de structure si la présence d’eau est admissible et si la présence d’humidité n’est pas un problème.
On peut appliquer un produit étanche à l’intérieur de l’ouvrage qui va empêcher le passage de l’eau. Il n’est applicable que si la pression d’eau sous la structure est inférieure à 10 m de colonne d’eau et il ne protégera pas le béton de l’érosion.
Certaines de ces solutions notamment les imperméabilisants, ne sont pas étanches à l’humidité. De plus ils ne résistent pas à la fissuration, si votre béton bouge un peu, l’imperméabilisant va se fissurer aussi.
Ensuite il y a le problème de l’application d’une solution de type revêtement si le béton laisse passer l’humidité. Dans ce cas on utilise un pare-vapeur qui va éviter le cloquage du revêtement en présence d’humidité (source normative pour les habitations : DTU 14.1)
On applique à l’extérieur de l’ouvrage un matériau qui fait barrière à l’eau.
Exemple: les membranes d’étanchéité ou les membranes bitumineuses. Attention tout de même ces dernières ne sont pas étanches à l’humidité contrairement aux premières.
Quand on utilise une membrane (en PVC par ex) la fonction d’étanchéité atteint facile 100 ans. Ces membranes que l’on appelle géomembranes sont spécifiques au génie civil.
Lorsqu’elles sont appliquées sous ou sur des ouvrages (tunnels par exemple) elles sont compartimentées, c’est-à-dire soudées sur les lames d’étanchéité ancrées dans le béton pour créer des compartiments (bandes noires sur l’image).
Ainsi si une fuite apparaît, l’eau reste dans le compartiment et ne s’infiltre pas partout dans le bâtiment. La localisation de la fuite est plus facile. Pour installer cette géomembrane (sous le béton quand même !!) on y applique des protections pour éviter qu’elle ne s’endommage pendant la construction. Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet mais je ne veux pas vous noyer sous les infos.
Si vous voulez plus d’infos sur l’étanchéité des ouvrages enterrés (tunnels ou parties souterraines des ouvrages) vous trouverez des infos dans le Fascicule 67 Titre III, dispo ici.
Voilà, vous aurez compris que tout est dans l’analyse des risques en fonction des données d’entrée présentées dans ce post. Mais une fois la solution choisie, on aura du mal à revenir en arrière il faudra faire avec les conséquences de ses choix.
Le petit lien Twitter associé :
https://twitter.com/Kako_line/status/1118250365214973954
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