DEBUNK : Article du Monde sur la toxicité des plastiques

Suite à la publication d’un article sur la toxicité des plastiques dans le journal Le Monde, j’ai souhaité les interpeller. En effet, leur analyse de l’article scientifique d’origine était erronée, et il me semblait nécessaire leur expliquer pourquoi.

L’article presse en question est disponible ICI.

Et l’article Scientifique, disponible ICI.

Tout d’abord, les auteurs ne sont pas experts en matériaux polymères. Cela ne remet pas en cause leur étude bien sûr, mais le regard d’un expert du sujet aurait permis de comprendre certains aspects notamment au sujet de l’impact du choix des solvants, notamment dans le cadre de la rédaction de l’article de presse.

Les plastiques qui sont testés ici ne sont pas forcément au contact des aliments.

Les PVC et PUR ne le sont pas par exemple. Ce qui explique aussi les différences en termes de quantités de substances chimiques mesurées.

Je suis frappée par le choix paradoxal de ce solvant, le méthanol, particulièrement toxique, alors qu’il aurait pu être substitué. Il a été choisi pour sa forte capacité à extraire les substances chimiques. Mais on n’utilise pas ce type de solvant pour ce type d’essai.

Le méthanol qui est utilisé n’est pas un simulant habituel, il n’est pas utilisé dans le cadre des essais réalisés sur les matériaux susceptibles d’être au contact des aliments. Donc je ne vois pas bien ce qu’il démontre s’il n’est pas associé à un usage. La salive, le contact avec la peau ne sont pas assimilables à un contact avec du méthanol. Il a un pouvoir d’extraction beaucoup plus important que celui de l’éthanol, qui est utilisé (dilué) pour les essais de migration dans l’emballage alimentaire (comme l’huile et l’eau)

Quelle est la relation entre l’extraction dans le méthanol et celle en usage ? ça n’est pas mentionné et je doute que cela soit connu. C’est pour cela qu’il faut prendre l’étude avec des pincettes. Un solvant ne représente pas la vraie vie.

Un exemple : si j’arrive à solubiliser mes LEGO dans l’acétone ça ne veut pas dire qu’ils vont fondre dans la bouche de mes enfants…

Le fait de les extraire avec du méthanol ne signifie pas que ces additifs vont migrer au cours de leur utilisation.

Le fait de retrouver des additifs dans le PVC et PUR qui, je le répète, ne sont pas au contact des aliments ne m’étonne pas, mais là pareil ça ne signifie pas qu’ils vont migrer. Les plastifiants mettent des années à migrer.

L’article du Monde ne mentionne pas un point qui me parait important : le PEHD et le PET, qui sont les plastiques les plus utilisés au contact des aliments ou peu voire pas de migration de substance dans le méthanol, qui est pourtant un extracteur puissant ! Et ça, ça aurait dû être bien plus commenté vu le nombre de fausses informations qui circulent sur ces plastiques. Là pour ce coup j’aimerai bien avoir l’avis de ceux qui affirment sans sourciller que le PET contient du BPA…

Concernant le PLA qui est un biosourcé, je ne suis pas étonnée : l’origine d’un matériau ne détermine ni sa fin de vie ni sa composition. Les matériaux biodégradables doivent être stabilisés pour éviter une dégradation prématurée. Ceci explique peut être cela.

L'étude ne démontre pas un danger de migration de ces substances dans l'aliment. C'est comme si nous avions une crainte que les métaux lourds présents dans les bocaux en verre ou les boites en acier ne migrent vers les aliments qu'ils contiennent.

Par contre l’étude indique la présence de substances additionnelles de type NIAS (Non-intentionally added substances) non identifiées et c’est ce point qui est intéressant et qui devrait être mis en avant. Les NIAS sont soumis au Règlement EU 10/2011: le risque pour la santé des emballages alimentaires doit être évalué par le fabricant. Ce qui implique: connaissance des substances en présence. Il est donc essentiel de les identifier pour évaluer le risque vs utilisation du matériau.

Complément d’information

J’ai contacté l’auteure de l’étude qui m’a confirmée que l’objectif était d’extraire les substances des présentes dans les plastiques et non leur migration, d’où l’utilisation du méthanol. Cela correspond bien à ce que j’avais identifié.

Comme déjà évoqué, l’étude en elle-même n’est pas remise en cause, la méthode est bien développée. C’est l’interprétation qui est en cause. Pour préciser : Je n’ai pas contacté la même personne que Le Monde et j’ai parlé technique. La question posée : pourquoi utiliser le méthanol ? pour quel objectif ? en expliquant d’où me venait ma question pour éviter toute ambiguïté.

Je vous mets sa réponse exacte : "We chose methanol since we wanted to test chemicals present IN the plastic rather than the ones getting out".

Ils préparent une autre étude sur la migration donc on va gentiment attendre qu’ils la publient. En tout cas merci à eux, cette étude a permis d’expliquer beaucoup de choses concernant la toxicité des plastiques de par sa mauvaise interprétation.

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