J’ai plusieurs fois affirmé que les emballages, notamment ceux en plastiques, permettent de réduire le gaspillage alimentaire. J’ai senti un certain scepticisme. Du coup je pense qu’il est nécessaire de clarifier cette affirmation.
Si on regarde du côté de Zero Waste France et les Amis de la Terre, un rapport affirme plutôt le contraire. Vous trouverez des éléments ici.
Le graphe ci-dessous est souvent repris pour dénoncer l’affirmation de diminution du gaspillage grâce aux emballages plastiques. Il y a deux sources de citées. La N°17 correspond à un graphe de Eurostat sur les déchets et la 18 à un livre sur la production de plastique.
Je vous avouerai que j’ai eu du mal à retrouver les infos même avec les sources, et je pense que même si la tendance est bonne pour le gaspillage les chiffres ne sont pas tout à faut ceux là.
En effet, le projet européen FUSION a pour mission d’identifier les sources du gaspillage alimentaire, d’en établir le constat et de proposer des solutions. C’est en lisant leur rapport que je me rends compte que les chiffres du gaspillage alimentaire ne sont pas toujours fiables.
Faute de données pour certains pays ou bien de justification. FUSION tente de mettre de l’ordre là-dedans, ils arrivent à estimer les quantités de déchets selon une méthodologie harmonisée, mais il reste des difficultés. Ce qui est normal vu le travail à réaliser. Il est probable que les quantités européennes soient sous-estimées.
Aujourd’hui l’estimation est de 47 millions de tonnes de gaspillage alimentaire issu des ménages en Europe en 2012.
Je vous mets la newsletter, mais les rapports sont dispos sur leur site ici.
Côté France, j’ai retrouvé ce document de l’ADEME concernant l’effet des emballages sur le gaspillage alimentaire ici.
Et là… j’ai largement de quoi vous expliquer en quoi les emballages permettent de réduire le gaspillage. Prenons l’exemple des légumes emballés. le nombre de fois où j’ai lu que c’était du suremballage. Parfois, on peut considérer l’emballage inutile. Personnellement je n’achète pas de fruits et légumes emballés. Mais voici ce que dit l’ADEME :
« […] la part des emballages dans le contenu carbone du panier moyen est estimée à 8% »
Cette valeur monte à 30% pour les produits liquides de type eaux minérales, boissons gazeuses. Et bien sûr sous 8% pour les produits à fort contenu carbone comme la viande.
L'ADEME précise que même si l’emballage permet d’augmenter la durée de consommation des produits, les habitudes du consommateur doivent changer pour que cela ait un impact effectif.
Même si l’information sur la durée de consommation et les moyens de conservation se sont améliorés (visibilité de l’info, réfrigérateur, congélateur, etc.), le gaspillage existe toujours voire augmente, parce que l’alimentation est perçue différemment.
Il est donc impératif de redonner de la valeur aux produits d’alimentation.
On constate qu’en France l’évolution entre les matériaux putrescibles et l’évolution des déchets plastiques (pas seulement les emballages) est très différente. Comme quoi, il faut se méfier des conclusions hâtives.
J’ai également regardé un rapport de l’UN Environment qui traite certes de l’Amérique du nord mais qui je pense est intéressant (rapport ici).
Le rapport précise que dans certains cas, le gaspillage alimentaire peut être réduit avec l’utilisation d’un emballage. Mais celui-ci doit être optimisé afin de réduire l’impact environnemental global du produit.
Petit graphique intéressant sur la distribution des impacts en fonction des produits emballés :
Donc le gaspillage alimentaire dépend de plusieurs aspects.
Les emballages permettent de manière effective d’augmenter la durée de consommation des produits et donc de réduire le gaspillage alimentaire, mais le gros du travail reste du côté du consommateur.
Il serait dommageable de se passer d’emballage pour les produits périssables, pour lesquels le risque de gaspillage est plus élevé. Si on reprend l’exemple des fruits et légumes, la conservation plus longue permet au consommateur de consommer son produit avant qu’il ne pourrisse et également au commerçant de pouvoir le vendre sur une période plus longue.
Je pense honnêtement que l’on peut réduire l’utilisation d’emballages, de différentes manières et avec un accompagnement du consommateur dans certains cas pour le sensibiliser. Mais se passer du matériau qui permet une conservation longue durée pour une grande partie des produits consommés, ça ne me semble pas aller dans le bon sens.
Je le répète: l’interdiction n’en fait pas partie.
Petit lien vers le Thread Twitter :
https://twitter.com/Kako_line/status/1221178813192732672?s=20