Visite du site de recyclage INFINEO

Beaucoup affirment que les plastiques ne sont pas recyclables. J’ai donc décidé de vous démontrer le contraire, en visitant le site de recyclage de bouteilles en plastique INFINEO. En voici un résumé !!

Je tiens tout d’abord à remercier tous ceux qui m’ont accueilli sur place. Je précise que ce thread n’a pas été relu et il n’y a eu aucune intervention sur son contenu. Petite photo de contexte.

 

CocaCola EP France m’a présenté leur politique développement durable qui correspond bien à la philosophie des 3R et surtout d’Economie Circulaire. Je ne vais pas l’exposer plus que ça parce que ce n’est pas le sujet de ce thread, mais si ça vous intéresse je peux développer.

Le site Infineo est une joint-venture entre la société PlastiPak Packaging et CocaCola EP France. Elle est constituée d’une usine qui existe depuis 1998 et recycle des bouteilles en PET ainsi que d’un centre pédagogique permettant d’informer les visiteurs sur les gestes de tri.

 

Ce centre n’est pas spécifique aux produits Coca-Cola, il intègre tous les matériaux, papier/carton inclus. L’usine dispose d’un circuit de visite, ce qui permet de voir le process complet. Je vous fais le circuit en 9 étapes. De manière générale le process est très automatisé.

1/ Réception des lots de bouteilles
Nous avons commencé la visite par la zone de stockage de la matière première issue du tri sélectif région Sud-Est de la France. Cela correspond à 1/3 des bouteilles collectées sur le territoire. Les lots de bouteilles de PET clair, triés en centre de tri, arrivent sur place et sont re-triés et traités. Pour faire face à la pénurie de matière triée, le site importe également des bouteilles de Belgique et d’Allemagne, notamment des bouteilles issues de la consigne.

Les bouteilles sont d’origine alimentaire, de couleur claire/transparente. Moins de 5% d’entre elles ne sont pas d’origine alimentaire, ce qui correspond à une exigence réglementaire pour le recyclage de plastiques à usage alimentaire. Le bouchon est traité avec la bouteille.

Le site récupère 160T de matière par 24h. Les balles sont rangées par origine pour la traçabilité. Même si le cahier des charges exige que 98% des lots soient constitués de bouteilles PET clair, c’est plutôt 95% en moyenne. Un contrôle qualité à réception permet le refus de lots.

2/ Premier tri matière
Dans un premier temps, les lots sont défaits, et les bouteilles qui ont été préalablement pressées pour obtenir des balles sont séparées pour permettre l’étape de tri. 

Les lots sont triés grossièrement de plusieurs manières avec un retrait des éléments lourds qui parfois se glissent dans les lots de bouteille (câbles, poêles etc.). Un premier tri optique permet de retirer les emballages foncés (bouteilles opaques, autres types d’emballages).

Ces indésirables sont ensuite envoyés soit dans un site de recyclage dédié lorsqu’ils peuvent l’être soit dans un centre de valorisation énergétique qui en fera des CSR. De manière générale, ce qui est extrait de la ligne de recyclage est recyclé ou valorisé.

3/ Prélavage
Ensuite, un prélavage à l’eau claire à 50°C est réalisé, dans un appareil constitué de griffes qui vont permettre de retirer les étiquettes collées ou bien les films plastique parfois appliqués sur la bouteille. Les étiquettes sont séparées sur la ligne par un séparateur balistique qui va permettre de trier le plat (les étiquettes papier) du creux (les bouteilles). Ce séparateur utilise la capacité d’un matériau à rebondir. Les corps creux rebondissent, pas les plats.

4/ Deuxième tri matière
Ensuite 2 machines de tri optique séparent les bouteilles claires des bouteilles colorées (autre que bleu clair). Le tri tolère la couleur bleue jusqu’à une certaine intensité (celle des bouteilles de Quézac par exemple).

 

Les autres sont rebutées pour être recyclées dans une filière non alimentaire (fibres par exemple). Voici une photo de granules de PET vierge (bas) et recyclé (haut). La matière recyclée est légèrement bleutée, ce qui n’a pas d’impact sur la qualité du matériau après recyclage.

 

Un séparateur magnétique à courant de Foucault permet de retirer les canettes en aluminium par exemple qui pourraient se retrouver dans les lots.

 

 

 

5/ Broyage et 2e lavage
Ensuite les bouteilles sont broyées avec les bouchons sous la forme de paillettes de 2 cm, qui sont lavées à 80°C avec détergent et potasse. L’objectif ici est de retirer la colle qui peut éventuellement se trouver sur les paillettes. Pour répondre à une question qui avait été posée, si votre bouteille a contenu autre chose que de l’eau ce n’est pas bien grave, elle sera traitée. Les paillettes sont ensuite lavées avec une eau à 70°C.

Concernant l’utilisation de l’eau : vous avez dû voir des sujets sur le lavage nécessaire au cours du recyclage et de l’utilisation de cette ressource. Dans l’usine, l’eau est réutilisée sur plusieurs cycles de lavage avec ou sans traitement locale.

6/ Séparation du bouchon

 

Le PET des bouteilles est séparé du PP des bouchons par flottaison. Cela permet aussi d’éliminer le papier qui pourrait rester dans le lot. Un 2e dispositif à courant de Foucault est appliqué pour retirer les éventuels petits morceaux d’aluminium

Un tri optique réglé sur un rayon de 2mm permet de retirer les petits éléments colorés. L’objectif est bien d’obtenir une matière la plus homogène et claire possible, légèrement bleutée. les paillettes une fois triées 😍

 

7/ Extrusion des granules de recyclé
Les paillettes sont extrudées en 285°C pour rendre la matière la plus fluide possible. En sortie d’extrudeuse, la matière passe dans un filtre de 56 µm ce qui permet de retirer les matériaux infondus pendant le process d’extrusion.

Pour un grade alimentaire, le recyclât doit être le plus pur possible. La matière est extrudée sous forme de fils refroidis rapidement pour qu’il ne soit pas cristallin. Je rappelle ici mon article sur la structure des thermoplastiques.

Ensuite les fils sont coupés en granulés, qui vont être portés à 160°C pour qu’ils cristallisent (photo de gauche avant et de droite après cristallisation). Cela permet d’éviter qu’ils ne collent entre eux au cours du process suivant.

      

8/ La polycondensation 😍
C’est une étape importante, elle permet de reconstruire la matière et de l’homogénéiser à l’échelle de la chaîne du polymère. Le PET est obtenu par polycondensation, c’est-à-dire qu’au moment de la réaction de polymérisation, il se crée de l’eau. Si on retire cette eau, on favorise la réaction de polymérisation et les chaines de polymère peuvent tranquillement s’allonger. La limite c’est le moment où elles seront suffisamment longues pour empêcher des sites réactifs de se rencontrer.

Pour que la matière recyclée soit constituée de chaines suffisamment longues pour porter les fonctionnalités visées, il faut les pousser à le faire. Pour cela la matière est portée à 200°C sous atmosphère contrôlée sans oxygène avec retrait de l’eau pendant la réaction, pendant 16h.

9/ Fabrication préformes et bouteille
Ces granules seront utilisées pour fabriquer des préformes par injection à 260°C. Celles-ci seront soufflées dans un moule pour obtenir la bouteille plastique que vous connaissez. La bouteille est nettoyée par air comprimée avant remplissage.

Je mets une photo d’une bouteille contenant 0% de recyclé et 100% de recyclé. La différence c’est la couleur uniquement, liée au mélange recyclé.

Information intéressante : l’utilisation de recyclé dans la fabrication des bouteilles en plastique date de 2008. Ce qui signifie qu’on recycle depuis des bouteilles constituées de recyclé. Jusque 50% pour les petites bouteilles. Est-ce que vous voyez où je veux en venir?

Que l’experte invitée sur tous les plateaux TV et radio, Nathalie Gontard, se trompe : le PET est recyclable plusieurs fois dans l’emballage alimentaire. Et ce sur plusieurs conditions : la qualité du process de tri et de traitement et la qualité de la matière première reçue.

Il y a également le mélange avec la matière vierge qui permet finalement d’utiliser du recyclé jusque 50% sans que cela ne soit dommageable sur la qualité des emballages. C’est ce que j’avais démontré dans ma thèse.

Le problème est le manque de matière première. On ne trie pas suffisamment en France !! A ceux qui pensent que le tri ne sert à rien, vous avez ici une parfaite illustration de l’intérêt du tri : préserver les ressources renouvelables et non renouvelables par le recyclage matière

Le recyclage aujourd’hui permet de réduire l’impact CO2 des emballages de manière considérable ! Il est précisé dans le rapport de l’IEA que d’ici 2050, les émissions de CO2 évitées résultant de l’augmentation du recyclage et de la réutilisation du plastique équivalent aujourd’hui à environ la moitié des émissions annuelles du secteur de la chimie !

Donc le tri est un geste simple qui permet d’éviter des émissions de CO2. Et chacun de nous a la possibilité d’y contribuer. Pensez au tri !!

 

Petit lien vers le Thread Twitter :

https://twitter.com/Kako_line/status/1227985449538539520?s=20

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :