[DEBUNK] Infographie de Zéro Waste France sur la pollution plastique

L’ONG Zéro Waste France a mis en ligne, avec d’autres ONG, une infographie sur la pollution plastique et les solutions que nous pourrions y apporter. J’avais indiqué sur Twitter que cette infographie était orientée et que certains chiffres étaient faux. Voici quelques éléments qui le démontrent.

Le lien vers l’infographie est ici.

Les sources de mes explications sont en fin d’article pour que la lecture soit plus fluide.

Les sources de cette infographie sont les suivantes :

J’ai du mal à comprendre comment ils ont pu donner ces informations avec ces sources là… sauf quand je vois une référence à l’Atlas du plastique que j’avais débunké il y a quelques mois (lien ici).

Cette infographie ne précise ni de quelle application (utilisation) il est question ni de la zone géographique. Je vais supposer que l’on parle de la France et parfois de l’Europe en fonction des données disponibles. Et que l’on parle du jetable de manière générale.

Je souhaiterai préciser une chose : je pense que l’information sur le biosourcé n’est pas suffisante et que le risque est bel et bien de créer une nouvelle pollution. Ils peuvent faire partie de l’avenir de l’emballage, mais pas n’importe comment.

Il est essentiel de légiférer sur ces matériaux et d’informer le consommateur. Donc je comprends l’objectif de cette infographie, mais pour moi ce n’est pas la bonne manière d’informer. C’est parti pour le débunk:

Faux. C’est entre 2 et 3%. Sources : WWF, Our world in data et ONU. Je pense qu’ils incluent dans ces chiffres les déchets qui sont gérés en décharge. Mais dans ce cas de figure ils additionnent déchets gérés et non gérés. Et même dans ce cas cela ne concerna pas la France.

Faux. Les plastiques biosourcés se définissent par leur origine/composition et non leur fin de vie. Il y a les plastiques biosourcés dits « synthétiques » et d’autres dits « naturels ». Pour plus d’infos j’avais fait un article pour l’AFIS ici.

Le terme « biodégradable » est associé à la fin de vie du matériau pas à son origine. Il y a donc un amalgame.

C’est comme dire qu’il y a deux types de plastiques, les recyclables et les thermodurcissables. Ce n’est pas pertinent quand on parle de types de matériaux.

Vrai de manière générale : 57,1% (chiffres 2017) des plastiques biosourcés ne sont pas biodégradables.
Faux pour les emballages : 25% pour les emballages souples et 80% pour les emballages rigides. Mais la fonction recherchée n’est pas la même d’où cette différence.

La biodégradabilité implique certaines contraintes qui ne peuvent pas être assumées pour toutes les applications. C’est pour cela qu’ils ne peuvent pas être utilisés de manière systématique et qu’on les retrouve plus dans le cas des emballages souples

Faux. Il n’y a pas de limite basse sauf pour les sacs jetables et la vaisselle jetable où la limite est à 50% selon la loi pour la transition énergétique et la croissance verte.

De plus, selon un rapport du ministère de l’économie, le minimum est plutôt à 50% pour les emballages. Le chiffre de 25% vient des autres applications comme le bâtiment ou les produits de nettoyage (données 2016).

Tout ce qui est chimique est donc polluant selon eux.

Il faudrait expliquer au consommateur que l’impact CO2 dépend aussi de la durée d’utilisation. N’est-ce pas ce qui compte au final ? Diminuer les impacts. De plus, Ce qui est dit « naturel » n’est pas forcément plus vertueux.

Faux. Lorsque le plastique biosourcé est le même que celui issu du pétrole, il se recycle de la même manière sans problème. Là où ça pose problème c’est quand un plastique biosourcé n’a pas de filière de recyclage spécifique.

Mais c’est le cas de n’importe quel plastique mis sur le marché sans que la fin de vie ne soit anticipée. Quelle que soit son origine. les déchets issus de ces nouveaux matériaux mis sur le marché doivent entrer dans une filière de valorisation .

La chimie = pollution = « le mal »
Bravo, ils ont réussi à entrer dans un cliché poussif au possible.

Je pense qu’une définition de biodégradable et de compostable aurait été nécessaire, il y a des amalgames qui ne permettent pas au consommateur d’y voir clair de mon point de vue.

J’en profite pour préciser que la norme EN 13432 permet de déterminer si la décomposition a un impact sur le compost et donc si les additifs ont un impact sur celui-ci. Des essais d’écotoxicité sont réalisés (cf chapitre 8 de la norme).

Ici on parle surtout de bouteilles en plastique qui sont 100% recyclables. Je veux bien qu’on interpelle les industriels sur des cas qui le nécessitent comme utiliser des matières ayant des filières de recyclage ou une information insuffisante et souvent marketing des biosourcés.

Mais sur ce sujet précis je pense qu’il faut surtout expliquer au consommateur que ces bouteilles sont RECYCLABLES et qu’il faut les TRIER !!

pas une seule fois mention de la possibilité de trier ses déchets plastiques dans cette infographie… est ce volontaire ?

Le biosourcé n’est en effet pas LA solution miracle et il est important d’informer le consommateur. Ce que l’on jette dans la nature et qui est issu/créé par l’homme (d’origine naturelle ou synthétique), a des conséquences sur l’environnement.

Qu’est ce qu’on fait pour arrêter ça ?
On arrête la manipulation des données et l’orientation de l’opinion, quel que soit l’objectif, et on donne des éléments factuels et contextualisés, on peut déjà commencer par ça.

 

Sources
ONU
Our World in Data
WWF
Loi transition énergétique
Rapport biosourcé ministère économie
European Bioplastics

 

Petit lien vers le Thread Twitter :

https://twitter.com/Kako_line/status/1289264776313356293?s=20

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