Je vais donc vous parler de recyclage, upcycling et downcycling. Ces termes, qui concernent tous les matériaux recyclables et pas seulement le plastique, sont utilisés par celles et ceux qui pensent que le recyclage est un mirage. Explications.
Définition de l’ADEME : « Le recyclage consiste en toute opération de valorisation par laquelle les déchets, y compris les déchets organiques, sont retraités en substances, matières ou produits aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins.
Le recyclage permet de substituer des substances, des matières, ou des produits à d’autres substances, matières ou produits. Le compostage est une des opérations de recyclage. ».
C'est issu du Code de l'environnement. C’est donc un terme qui a une définition règlementaire.
Exemple: la bouteille en plastique jetée dans la poubelle jaune sera collectée, triée, broyée, fondue pour fabriquer des granules de PET. Ces granules serviront à fabriquer de nouvelles bouteilles ou d’autres produits comme des textiles.
Exemple avec ma visite du site de recyclage INFINEO ici.
Il existe deux types de recyclage :
Dans les deux cas, la matière recyclée est utilisée en substitution d’une matière vierge. J’ai trouvé un exemple assez explicite d’une boucle ouverte. Pour que vous compreniez que cela ne signifie pas la fin de vie de la matière :
Le recyclage est donc un terme ayant une définition règlementaire. L’upcycling et le downcycling ne sont pas définis et non reconnus d’un point de vue règlementaire. Ce sont des tendances reprises dans un ouvrage « Cradle to cradle » de William McDonough et Michael Braungart.
C’est utiliser des matériaux en fin de vie pour créer de nouveaux produits ayant une valeur ajoutée, une finalité, que ce soit en termes de qualité ou de fonctionnalité.
C’est aussi faire du « beau » et de l’utile avec du « vieux ».
L’objectif de l’upcycling est de ne pas modifier la matière comme dans le cas du recyclage. En fait c’est un concept qui prône la réutilisation de la matière et le recyclage du produit. Ce n’est pas un recyclage matière comme défini précédemment.
Exemple : la bouteille en plastique est découpée pour en faire un pot de fleur plutôt que broyée pour en faire une autre bouteille.
L’upcycling ressemble beaucoup à un DIY. Comme expliqué, c’est un concept. Et si on ne connait pas le matériau on peut avoir l’impression que l’utilisation est durable et moins impactante. Dans les faits c’est plus complexe.
Donner de la valeur aux produits que l’on fabrique ce n’est pas forcément lié au fait qu’on a l’impression de rendre un déchet utile. C’est peut-être pédagogique mais d’un point de vue matériaux/durabilité ça n’a pas vraiment de sens.
Quelques exemples avec d’autres matériaux (j’ai pensé aux parisiens en mettant ces photos).
C’est la transformation d’un produit en un nouveau matériau de qualité ou « valeur » moindre. Ce serait donc utiliser un procédé dont l’unique but serait de réduire les quantités de déchets, sans se soucier de l’utilisation finale.
J’ai souvent vu l’exemple du recyclage d’un plastique de qualité en un plastique de grade moindre… Ce qui ne veut absolument rien dire !! Il existe des grades différents dans le cas des plastiques ou d’autres matériaux.
La qualité d’un grade dépend de son utilisation.
Un grade peut être considéré comme de qualité médiocre pour une application précise, qui demande certaines propriétés et devenir un grade de bonne qualité pour une autre application, qui demande d’autres propriétés, n’ayant généralement rien à voir…
Le terme grade est associé à qualité au sens de niveau de performance vis-à-vis d’exigences spécifiées. Il n’y a pas de hiérarchie dans les grades, sauf pour une même application. Mais ce sont des caractéristiques techniques et non subjectives, contrairement au décyclage.
Exemple de décyclage : Utiliser la bouteille en plastique pour en faire des fibres textiles. Pour l’emballage alimentaire, le grade de matériau doit atteindre des exigences très élevées. Pourtant son utilisation est très courte, peu durable. On parle de jetable.
C’est pourtant considéré comme une application plus noble qu’un pull en polyester recyclé (issu du recyclage des bouteilles) qui sera utilisé plusieurs années et évitera l’utilisation de matières premières vierges. Pas très logique d’un point de vue technique et environnemental.
Autre exemple : celui de l’acier issu de l’automobile utilisé pour la construction. Je peux vous assurer que les aciers de constructions ont une qualité soumise à de nombreuses spécifications, parce que leurs propriétés touchent à la sécurité (règlementation européenne).
Mais les grades sont différents de ceux de l’automobile. Aussi, un acier recyclé qui ne conviendrait pas pour le secteur automobile, pourrait convenir dans le domaine de la construction. Mais ça reste du downcycling…
Parler de downcycling parce que l’on considère une application moins noble qu’une autre, c’est se positionner de manière subjective et non technique. C’est considérer ses impressions au-delà de la réalité industrielle et technique du process de recyclage.
Contre-productif. Et ça n’aide pas à donner de la valeur à TOUS les matériaux que nous utilisons. Le downcycling et upcyling sont des concepts, des tendances. Techniquement, ça n’a pas beaucoup d’intérêt.
Donc pour résumer, le décyclage serait un recyclage en boucle ouverte. C’est une façon de le dévaloriser au profit d’un DIY où la matière est reléguée au second plan.
Voici un exemple utilisé par Flore Berlingen de Zéro Waste France : « plutôt que de recyclage, il faudrait parler de décyclage (…), car après cette étape, ces matières peuvent rarement retrouver leur usage d’origine » en parlant des matières organiques comme le papier ou le plastique.
On parle bien de recyclage en boucle ouverte. L’argument est que le nombre de cycles est limité pour ces matières. Ce qui est vrai. Bizarrement, il n’y a qu’à ces matières que l’on exige de produire avec 100% de recyclé en boucle fermée !!
Cela n’est pas requis ni pointé du doigt pour l’aluminium ou du verre. Si, au lieu de s’acharner à imposer une règle que l’on sait inapplicable à ces matériaux, on permettait l’utilisation de mélanges vierge/recyclé, le nombre de cycles augmenterait de manière considérable.
Flore Berlingen et Zéro Waste France oublient de mentionner ceci: recycler en boucle ouverte c’est changer la finalité d’un produit et parfois sa durabilité.
Utiliser des bouteilles pour fabriquer une fibre textile, c’est faire entrer la matière dans un cycle beaucoup plus durable.
Il n’est pas nécessaire que cette matière ait une capacité de recyclage importante. De plus cela évite d’utiliser la matière vierge, et tous les impacts associés aux cycles répétés. Constat : ce textile aurait de toute manière été fabriqué.
Et si on reste sur la même application jetable la question ne se pose différemment et l’ajout de matière vierge peut être nécessaire. En quoi est ce un problème ?
Ce qui compte c’est la fonction que l’on souhaite donner au produit fabriqué pas notre opinion sur la matière
Autre amalgame : il n’est pas possible à ce jour d’utiliser d’autres plastiques recyclés que le PET au contact alimentaire. C’est l’EFSA qui donne son accord et jusqu’à présent, les autres matériaux comme le PEHD et le PP ne peuvent pas être utilisés pour cette application.
Ça n’empêche pas de les utiliser pour d’autres applications. Le recyclage en boucle fermé est donc la meilleure alternative.
Vous comprenez donc que ces termes sont ceux des opposants au recyclage, des opposants aux plastiques ou au jetable. Mais le risque ici est de démobiliser le consommateur qui s’est mis au tri il y a quelques années maintenant.
Je n’ai rien contre ce que l’on appelle l’upcycling, par contre dévaloriser les procédés de recyclage matière, bien plus techniques et évitant considérablement les impacts environnementaux de notre consommation, c’est très dommageable.
Les bénéfices du recyclage sont chiffrés dans de nombreuses ACV et c’est une information connue. Qu’en est-il de l’upcyling ? Des concepts contre des techniques qui permettent une réduction des impacts environnementaux, il ne devrait pas y avoir de débat…
Et pourtant certains sèment le doute de l’intérêt du tri et du recyclage. Alors que l’urgence est là. Dans certains pays où la gestion des déchets doit être développée, ce type de communication peut être très dommageable. Et c’est l’environnement qui risque d’en pâtir.
Dire cela ce n’est pas éluder les problèmes liés au recyclage matière, à ses débouchés ou à son organisation ou son impact. Ce n’est pas non plus prôner l’utilisation de produits jetables. Bien au contraire.
C’est avoir une vision réaliste de la situation et permettre une progression et une évolution ciblée du système actuel. Cela évite de prendre les mauvaises voies et mauvaises décisions. C’est être responsable.
Petit lien vers le Thread Twitter :
https://twitter.com/Kako_line/status/1320376797683453952?s=20