Décryptage – Limites planétaires pour les substances chimiques & les plastiques

J’ai lu cet article censé parler de limites planétaires pour les produits chimiques et les plastiques. Il y a un gap entre son contenu et ce que j’ai pu lire dans les médias. Il s’agit plutôt de limites d’évaluation et de contrôle règlementaire. Explications.

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source : Environ. Sci. Technol. 2022, 56, 3, 1510-1521

L’article présente les possibilités de mesure et l’effet des règlementations mises en place concernant les effets des produits chimiques et des plastiques. Le choix de traiter ensemble produits chimiques et plastiques peut être contesté mais c’est un choix qui peut se défendre.

Cet article ne donne pas de limites planétaires à proprement parlé. Il évalue l’état des connaissances, les nombreuses incertitudes associées aux capacités de mesures des impacts. Il décrit également les règlementations mises en place comme REACh au niveau européen.

Les limites de ces règlementatiuons qui n’évoluent pas aussi vite que la capacité de produire et mettre sur le marché de nouvelles substances, avec de fortes disparités entre zones géographiques.

La méthodologie proposée permet d’identifier des axes de travail et de limites de contrôle/mesure des impacts identifiés. Les auteurs précisent que la croissance rapide de la diversité et des volumes de production dépasse la capacité de la société à évaluer leurs impacts. 

Ils préviennent du risque d’être dépassé en terme d’évaluation et de contrôle règlementaire des effets sur l’environnement des produits chimiques et des plastiques. Et… ça s’arrête là.

Il n’est pas question de limite planétaire en terme de capacité de l’environnement à supporter les effets de ces productions/usages mais bien des limites humaines à évaluer et contrôler, avec des disparités fortes de gestion de ces produits en fonction des pays. Les auteurs questionnent tout de même sur les premiers aspects sans rien démontrer par ailleurs (ce n’est pas l’objet de l’article).

La méthodologie utilisée est celle introduite en 2009 par le Stockholm Resilience Center. Elle intègre 9 limites planétaires qui permettent de mesurer la pression anthropique sur notre planète. Leur dépassement impliquerait des évolutions environnementales radicales. A l’intérieur de ces limites l’humanité peut subsister en toute sécurité. Pas en dehors.

L’objectif de cette méthode est donc la quantificatiuon, ce qui n’est pas possible actuellement pour les produits chimiques et les plastiques si l’on en croit l’article. Mais l’évolution décalée de leur production vs leur gestion peut faire craindre à des impacts impportants.

Il faut donc agir pour réguler cela tout en accentuant la recherche scientifique. C’est le principal message
Les auteurs ont certes un peu survendu le contenu de l’article dans le titre et le résumé, mais les commentateurs l’ont-ils lu ? Ou compris ce dont il s’agissait ?

Comment peut on partir d’un article comme celui-là pour en arriver à « les limites planétaires sont dépassées » ? Il faudrait se poser la question de l’interprétation des articles scientifiques

Il y a eu ici un emballement contre-productif, qui n’a pas permis d’identifier et de partager massivement les axes de travail à suivre.
C’est regrettable… parce que ça n’aide pas à avancer concrètement et positivement sur ces sujets.

 
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